artiste/ Poussier
France
Les sculptures de Grégory Poussier sont de la poésie au sens narratif et émotionnel du terme. Elles incarnent sa sensibilité et invitent à la sensibilité. Car Grégory fait partie de ces personnes qui s’émerveillent devant la beauté des choses : d’un paysage, d’un instant, d’un livre, d’une histoire, d’une personne, d’une œuvre. Face à la beauté, le temps s’arrête, il reste là, à la contempler, la goûter, longuement. Le temps ne compte alors plus.
C’est ce qui l’a, d’une part, amené à être artiste, et d’autre part, ce qu’il veut vivre et partager avec nous par, et grâce à ses œuvres : « La beauté est partout et pourtant nous pouvons passer à côté d’elle sans la voir. J’ai envie d’aider à ce qu’on en prenne conscience à ce qu’on reprenne le temps de s’y ressourcer et retrouve le goût de la contempler ». C’est d’ailleurs tout le sens et la portée de sa série « Les Faiseurs de sublime », mais j’y reviendrai.
Son envie de sculpture est née d’un voyage à Gêne, au cimetière de Staglieno, alors qu’il avait 21 ans.
Il est subjugué par l’émotion que peut traduire la sculpture, et en l’occurrence, la sculpture monumentale en marbre. Il passe plusieurs heures à contempler chaque œuvre, une à une, à constater les différences de styles, la variété des récits proposés comme autant d’odes à la vie, à l’humanité.
L’émotion est forte, intense, il s’émerveille de tant de Beauté… « ce jour-là, je décidais de me plonger dans la sculpture ». Il venait d’être diplômé ingénieur, et d’entrer dans la vie active, mais s’inscrit en parallèle aux Beaux-Arts de Grenoble. Il se souvient : « quand je leur ai dit que je voulais commencer immédiatement par le marbre, leur première réaction a été de rire et de m’orienter vers le modelage afin d’apprendre les volumes et l’anatomie ». Mais Grégory Poussier est un homme déterminé. Il y entre et y fait ses classes en cours du soir. La sculpture fait alors partie de sa vie et va prendre de plus en plus de place. Il continue à se perfectionner auprès de Maîtres, avec humilité mais pugnacité, dans des ateliers privés en France, à Rome ou à Carrare, où il apprend enfin les techniques de taille du marbre. Il approfondit sa maîtrise, l’art du portrait, de l’anatomie. Il explore d’autres matériaux dont le bronze, et il y prend goût.
A 30 ans, alors qu’il est pourtant bien installé dans sa vie professionnelle, il décide de s’investir plus encore dans son art et se donne 10 ans pour devenir sculpteur à plein temps. Ce qu’il a fait. Aujourd’hui la sculpture est devenue prédominante dans sa vie, et il a gagné sa reconnaissance auprès de galeries et de collectionneurs.
Son univers ? Les premières sculptures de Grégory Poussier ont été longtemps inspirées par ses lectures et illustraient des mythes ou personnages célèbres de notre culture collective dans une série rassemblée sous le titre d’Humanités (Le songe d’une Nuit d’été de Shakespeare, Julien Sorel et Madame de Reynal dans Le rouge et le noir de Stendhal, Le Dahlia Noir de James Ellroy, ou encore l’Albatros de Charles Baudelaire, …), mais aussi de nombreux personnages mythologiques, toujours imprégnés de l’émotion suscitée par sa rencontre à Gêne avec la Sculpture.
Depuis dix ans, Grégory met son talent au service d’une série intitulée « Les Faiseurs de Sublime ». Dans cette intention, évoquée plus haut, d’inviter à la conscience de la beauté du Monde, et à s’émerveiller du grandiose de ce qui nous entoure, Grégory sculpte « des artisans invisibles, œuvrant à notre émerveillement en créant ce qu’il y a de plus Sublime dans la nature ». Telle une narration poétique de la Beauté du Monde, Gregory sculpte « l’Enlumineuse de nuages », « le Ciseleur de gouttes », « la Souffleuse de brume », « la Parfumeuse de fleurs»… Entre mythologie, ou personnages féériques, chacune de ses sculptures met en scène des façonneurs imaginaires qui révèlent des instants d’éternité.
Et c’est bien une des caractéristiques des œuvres de Grégory Poussier : la « narration ». Elles se « lisent » autant qu’elles nous « parlent ». Chacune naît d’une intention de nous toucher autant par l’émotion dont il les imprègne, que par l’histoire qu’elles nous content.
C’est aussi pour cela qu’il a quitté le marbre pour privilégier le modelage en terre cuite et le bronze. Car Gregory voulait aller plus loin dans la figuration et donc la maîtrise de l’anatomie. Pour rendre plus précise, et par le fait, plus émotionnelle sa sculpture, grâce à une retranscription plus intense, plus tendue, des poses de ses modèles, de leur gestuelle.
« Cette recherche de vraisemblance ne présente pas une fin en soi, mais est un préalable pour raconter des récits. L’expression de la grâce, la tension dans le mouvement, l’élégance d’une posture, ne sont permis que si le regardant n’est pas perturbé par des informations erronées ou trop approximatives. J’ai voulu affiner une recherche de posture jusqu’à en sublimer l’expression. Je peux inlassablement travailler un visage jusqu’à rencontrer une personnalité touchante, exprimant une gamme d’émotions variées. »
Gregory est un travailleur infatigable en quête de perfection quant à ce qu’il ressent et souhaite nous faire ressentir, nous transmettre. C’est ce qui crée cette variation, ou plutôt progression de style au sein de sa production. Certaines sculptures vont se rapprocher de l’univers et des codes de la mythologie, d’autres de fées enchanteresses, ou encore de la danseuse contemporaine. Variations souvent inconscientes car animées par la sincérité et les émotions de l’artiste, comme le choix des couleurs et des patines de ses bronzes ou des finitions de ses terres-cuites. Pour autant, malgré ces variations telles les gammes du musicien, l’ADN artistique de Grégory est là, reconnaissable: outre l’intention narrative et le sujet, son âme de poète inspirant et inspiré, son émerveillement quant à la Beauté, guident sa création pour notre propre émerveillement.
En résultent ces sculptures faîtes de grâce et d’imaginaire, pour embellir notre réalité mais aussi ouvrir notre regard à la beauté, au Sublime qui nous entoure.
C’est, depuis deux ans, ce qui vaut à Gregory, et à ses œuvres, l’entrée dans des galeries toujours plus prestigieuses et l’intérêt de premiers collectionneurs attentifs.
Aucun doute que Grégory évolue encore favorablement. Compte tenu de sa sincérité, d’abord, de son humilité, comme de sa détermination ensuite, ou encore de sa remise en question permanente pour aller toujours plus loin mais aussi toujours plus profondément dans ce qui l’anime : la Beauté du Monde.