artiste/ Sebastien Layral

France

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Il y a plus de 30 ans, Sébastien Layral, enfant du Causse et de Rodez, a démarré une œuvre sisyphéenne sans imaginer qu’elle allait justement le mener à revisiter Le Mythe de Sisyphe d’Albert Camus dans l’une de ses dernières séries picturales. Le cheminement artistique de Layral serait-t-il donc absurde ? Oui, incontestablement, si l’on replace la question de l’absurde telle qu’elle a été posée sans relâche dans le champ de l’art, de la philosophie et de la littérature tout au long du XXe siècle. Autrement dit, la question de l’absurde résonne avant tout avec les questions fondamentales liées aux valeurs de la vie et au sens de la vie humaine, de la transformation de la société des Hommes et du monde. Plus que tout, explorer l’absurde, et rendre compte de l’absurde, c’est faire preuve d’un grand sens critique. Se confronter à l’absurde, ainsi que le fait Layral dans son approche artistique, revient donc à emprunter la voie du sens et de la lucidité critique, et à exprimer une véritable créativité, entendue comme expression vitale. Sans oublier qu’en se frottant et en éprouvant l’absurde, l’Homme dépasse sa condition et trouve sa noblesse. « Il faut imaginer Sisyphe heureux » écrit Camus.
Tel Sisyphe qui, dans son déséquilibre, finit par trouver un équilibre et être heureux, Layral ne va jamais cesser, sa créativité chevillée au corps, de se recréer et conséquemment de recréer le monde. Aujourd’hui, après plus d’un millier d’œuvres picturales et de très nombreuses performances toutes plus interactives les unes que les autres – toujours ce souci de l’Autre -, Layral est devenu un artiste total qui, sans cesse, cherche à trouver un équilibre dans le déséquilibre. Un véritable travail d’expression transformatrice qui dépasse le cadre de l’art pour s’inscrire également dans le champ de la philosophie. En écho à Henri Bergson, philosophe de la création, Layral cherche, depuis ses débuts, un équilibre entre le souci de soi et le souci des autres. Raison pour laquelle il s’autoportraitise pour mieux portraitiser les autres. Plus encore, toujours dans le sillage de la philosophie de Bergson, et à travers ses tableaux et ses performances, Layral nous montre combien sa personnalité – donc la nôtre – , est une continuité de mouvement. Or, par essence, le mouvement appelle le changement, source de déséquilibre. En ce sens, Layral nous enseigne que le jeu de la création peut être une véritable voie pour chercher – et trouver – un équilibre dans le déséquilibre permanent de la vie.
Mais cette question des équilibres, Layral l’expérimente également depuis de très nombreuses années dans le champ des arts martiaux et plus précisément encore, dans celui de l’Aïkido. Mais là où beaucoup auraient peut-être séparé les deux arts, Layral les a inextricablement reliés. En fait, il est entré en Aïkido, de la même manière qu’il est entré dans le champ de l’art, et comme on entre in fine en religion. La religion comprise ici dans son sens premier du terme, à savoir écouter, observer, recevoir, donner, se relier et s’élever spirituellement. En Aïkido, la rencontre donne naissance au mouvement et ce mouvement est une co-création. Ainsi lorsqu’il enfile son hakama, l’habit des aïkidokas, ou lorsqu’il peint ou s’investit corps et âme dans une performance, Layral s’oublie lui- même et se met à l’écoute de l’Autre et du monde. S’oublier soi-même pour être le plus présent possible afin de s’engager pleinement dans la rencontre… Layral, artiste samouraï, se met ainsi au service de l’Autre. Mais sans pour autant se nier. Bien au contraire, il participe pleinement, dans une quête d’authenticité, à une sorte de jeu ou chacun, chacune, devient le miroir de l’Autre… À travers son travail artistique, comme en Aïkido, Layral ne décide pas, ni ne s’impose. Il propose et incarne sa propre voie (le « Do » de « Aïkido » signifie « la voie »), celle d’aller à la rencontre de toutes les altérités possibles pour mieux comprendre le monde et tenter, à sa façon, d’ouvrir des perspectives. Un travail artistique à hauteur d’Homme et non de dogme et assurément une démarche sous le signe de l’Amour, source de vie et d’élan vital. En définitive, à travers son œuvre, Sébastien Layral fait sienne la belle formule de l’une de ses figures tutélaires, l’artiste Robert Filliou : « L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art ».

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