À propos

Thématique 2025 : Libérer la matière 

La thématique invite les galeries et les artistes présents à réagir avec de nouvelles créations/œuvres illustrant le pouvoir plastique des matériaux, la richesse des matières utilisées et le dialogue de l’artiste avec la matière (combat, fusion).

L’étude des éléments matériels qui ont contribué à l’élaboration de l’œuvre d’art est souvent reléguée au second plan au profit de l’esthétique. L’œuvre d’art est matérielle : elle est faite de matière, naturelle, transformable, manufacturée. Une matière mise en œuvre devient un matériau (avec une intention, un processus de transformation avec les qualités de matériau.

Depuis le XXe siècle, les environnements des artistes s’éloignent des beaux-arts traditionnels, de ses formes et de ses techniques. L’huile, le crayon, le pinceau sont remplacés par des fils de coton, d’acier, des plumes, des baguettes de bois, des formes découpées dans des plaques d’acier, de miroir, façonnées avec du plâtre ou tout autre matériau que l’artiste jugera bon d’utiliser. Cette œuvre peut même se dédoubler grâce à un éclairage étudié où l’ombre portée de la matière donne naissance une figure ! L’artiste laisse aux matériaux une forme d’autonomie se laissant guider par « l’intelligence de la matière ». Cette conception de l’art résonne avec les écrits de Georges Bataille sur l’informe et avec les artistes de Supports-Surfaces des années 1970 qui rejettent l’esthétisme et remettent en cause le support traditionnel. Ainsi Claude Viallat et Dezeuze dissocient la toile du châssis et découvrent le pouvoir plastique des matériaux.

Aujourd’hui la matière est devenue une composante essentielle dans le processus de création avec l’introduction de nouveaux matériaux et médiums. Elle a dépassé le langage plastique pour devenir une composante esthétique. L’artiste entre en dialogue avec la matière dans une relation soit combative soit fusionnelle. Il se déploie alors dans un nouvel espace et se libère de toutes les contraintes de la représentation classique. La matière devient une empreinte du geste créatif et permet ainsi de reconnaître l’inventivité, l’ingéniosité des artistes.

L’art et la matière évoque non seulement le processus de création où l’artiste exprime une idée, un sentiment mais aussi l’aspect artisanal de l’art avec ses essais, ses approximations, ses retouches. La présence obsédante de la matière est réelle. Elle permet à certains artistes d’en jouer (Eugène Leroy), de la détourner (Claude Viallat), d’introduire la notion du vide (Yves Klein, Jaume Plensa) et de lumière (Pierre Soulages, Bill Viola). La thématique permet aussi d’aborder la dimension dématérialisée avec les arts visuels et le numérique (Julien Creuset, Ethel Lilienfeld).

Intitulée Libérer la matière, la thématique de l’édition 2025 de Lille Art Up ! entrecroise les champs du sensible et du savoir, de l’art et de l’artisanat, du détournement des matières et le recyclage des matériaux issus du quotidien. Elle a pour but de rendre au matériau toute son importance dans le processus créatif à travers ses qualités esthétiques, sa difficulté (ou non) à être dompté, les symboles qu’il revêt, les innovations qu’il suscite, jusqu’aux expérimentations, de l’accumulation de matière à l’installation vidéo et numérique, de la sculpture en aluminium et cuivre à la laine teinte à la main.

il s’agit aussi et surtout de rendre hommage à la virtuosité, à l’ingéniosité voire à l’espièglerie des artistes et à l’intelligence de la main.

Consultez le catalogue Lille Art Up! 2024 :