artiste/ Potvin

Canada

Texte Lyzane Potvin

A corps et à cris

A l’heure des justes combats égalitaires menés par les femmes dans nos sociétés occidentales, mais aussi en cette période où la condition féminine est mise à mal dans de nombreuses régions du monde (c’est le moins que l’on puisse dire), la peinture de Lyzane Potvin appuie là où ça fait mal, avec hardiesse et détermination. Objet d’un combat humaniste, celle-ci, en interrogeant la représentation du corps féminin, et particulièrement sa perception, n’a de cesse de mettre en exergue la fragilité humaine. Sans doute la peut-on qualifier d’expressionniste, tant l’art de l’artiste canadienne rencontrée lors du dernier MIFAC, à l’occasion du remarquable film que lui a consacré le réalisateur Yves Martel, joue de la défiguration et exacerbe la forme comme la matière. Coup de poing en même temps que caresse, elle porte quoi qu’il en soit la marque d’une sensibilité à fleur de peau.
Le sujet, c’est elle, et toutes les femmes en elle, en une succession d’autoportraits percutants. Sa peinture ose et s’approprie des thématiques cruciales telles que la sexualité, la violence, la douleur, la maladie, l’angoisse, la peur, ou la place de la femme dans notre société. Dans sa nouvelle série, elle se représente sur un fond noir en proie aux affres de ce qui ressemble à d’hallucinés cauchemars la détruisant de l’intérieur, symboles des luttes à mort que mènent la femme pour exister face au pouvoir omnipotent des hommes. C’est violent, sans fioritures, c’est à son image, direct et sans faux-semblants, cash.
Afin de parvenir à cette écriture franche et directe, Lyzane Potvin emploie différents moyens d’expression aussi variés que la photographie, la peinture, le dessin, le collage, l’assemblage et la performance et travaille par accumulation, grattage, déchirure et soustraction de matière. Elle déchire, lacère, brûle… Oui, aussi curieux que cela puisse paraître, l’utilisation du chalumeau est omniprésente dans son travail : à l’aide du feu elle abime et transforme les images d’origine, n’hésitant pas à brouiller les pistes en rendant la représentation moins immédiatement intelligible. Elle métamorphose sa propre image, l’image du corps, avec une inventivité sans limites, nous donnant à considérer à quel point celui-ci est assailli de toutes parts, disparaissant même parfois en presque totalité sous d’épaisses couches de peinture, qui sont comme des strates de temps au pouvoir destructeur. La peinture à corps et à cris de Lyzane Potvin cogne au cœur et à l’esprit, tentative jubilatoire en même temps que désespérée de voir un jour les choses changer…

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